L’exercice visant à déterminer le montant de la compensation salariale de 2023 ne sera évidemment pas sans conséquence sur les entreprises. Tout comme les employés, elles subissent également la hausse des prix. Les petites et moyennes entreprises réclament une aide de l’État.
Il s’agit, selon le Chief Executive Officer (CEO) de Business Mauritius, de balancer le quantum prescrit avec la capacité à payer des entreprises qui opèrent à différentes vitesses de reprise et avec des spécificités sectorielles. « Les entreprises qui ont la capacité de payer plus le feront. Toutefois, il faut rester sur une base prescrite qui ne soit pas au détriment de la reprise », soutient Kevin Ramkaloan.
Au cas contraire, cela risque d’entraîner un problème de soutenabilité pour l’entreprise. Le directeur de RT Knits affirme que sa société s’acharne à trouver le moyen d’augmenter la productivité. « Les attentes des employés sont élevées dans le contexte actuel », dit-il.
L’entreprise devrait absorber l’inflation dans la mesure du possible. Au cas contraire, ses prix seront révisés à la hausse. Toutefois, Aymeric Dookun reconnaît que le salaire n’est pas le seul élément qui influence leurs prix.
« Si le gouvernement accepte une nouvelle compensation salariale, cela accélérera la masse salariale qui représente déjà 35 % de nos composants. La situation est difficile », concède le Chief Executive Officer (CEO) de RBRB Construction. Il ajoute que c’est pour cette raison que les contracteurs du secteur sont contre une compensation salariale en 2023.
« Dans le passé, le gouvernement a été généreux avec les travailleurs engagés dans la construction. Un travailleur touche environ Rs 1 500 par jour, soit Rs 40 000 par mois », poursuit Bhooshan Ramloll. Il précise que si une compensation salariale est accordée en 2023, les prix dans le secteur de la construction, incluant ceux des matériaux, seront revus à la hausse, de même que le coût de la main-d’œuvre.
Cependant, le coût du carburant, celui du fret ou encore la dépréciation de la roupie mauricienne sont défavorables. « La compensation salariale est un exercice annuel. Le salaire est important, mais il ne faudrait pas que la compensation soit trop excessive. Il faut trouver l’équilibre tant pour le bien de l’employeur que pour celui de l’employé. L’effort doit venir des deux côtés. Il faut couper la poire en deux », plaide Suren Surat.
L’entreprise est confrontée à une réduction de ses ventes, notamment des fruits à valeur ajoutée. Elle ne passe cependant pas l’augmentation de ses intrants aux clients.
Prakash Jankee, directeur de Rustic Elegance : «C’est déjà compliqué pour nous de faire rouler la machine»
Qu’importe la contribution de l’État, toute aide sera utile. C’est en ces termes que Prakash Jankee sollicite le gouvernement pour aider les PME en marge de la compensation salariale de 2023. « C’est un cri de la part des PME. Nous devrons l’exprimer à travers le porte-parole », indique le directeur de Rustic Elegance.
Il pense que le mois de décembre sera difficile pour les PME sur le plan financier. Raison : le paiement du boni de fin d’année couplé avec les dépenses récurrentes. La compensation salariale n’arrangera guère la situation de celles qui n’ont pas retrouvé le niveau pré-COVID-19.
« C’est déjà compliqué pour nous de faire rouler la machine. Les intrants coûtent cher et nous ne pouvons pas répercuter la hausse sur nos clients. Nous réduisons de ce fait nos marges », déplore Prakash Jankee.
Il affirme que les employés comprennent ce qui se passe, étant eux-mêmes témoins de la situation. « Nous devrons trouver d’autres moyens pour donner satisfaction à nos employés dans l’éventualité où l’État ne nous aide pas », conclut le directeur de Rustic Elegance.
Shalini Anmol, directrice de Top Detergent : « Les ventes et la profitabilité sont en baisse »
Travailler plus avec une rentabilité moindre. C’est la réalité que vit Top Detergent depuis le début de la pandémie de COVID-19. Les facteurs externes, tels que l’inflation importée ou le fret, affectent les dépenses de la PME.
Shalini Anmol indique sans ambages que sans l’aide de l’État, son entreprise ne pourra pas financer la compensation salariale de 2023. « Nous avons dû rembourser le Government Wage Assistance Scheme. Notre PME subit également l’impact de l’inflation. Les ventes et la profitabilité sont en baisse », argue la directrice de Top Detergent.
Thelma Maharaullee, Managing Director de Blinds.mu Ltd : « L’exercice sera insoutenable sans soutien de l’État »
« Il n’y a rien de concret comme point de contact qui nous permettrait de comprendre les ‘schemes’ et les soutiens financiers. Ceci dit, la compensation salariale de 2023 sera insoutenable sans l’aide de l’État », argumente-t-elle. Pour cause, l’augmentation des frais de transport a alourdi les dépenses de la PME.
Selon Thelma Maharaullee, c’est la raison pour laquelle de nombreuses PME optent pour les travailleurs étrangers. Les dortoirs étant situés à proximité des usines, les dépenses sont moindres.