Ayesha, 23 ans, a toujours été très proche de son père qu’elle aime plus que tout. Quand il est tombé gravement malade, elle a été un roc pour lui. Elle a pris des décisions importantes et n’a pas hésité à s’investir sans se poser des questions.
Après son divorce, elle a choisi d’habiter chez lui. Il a toujours été son « father figure » dans le vrai sens du terme. Ils menaient une vie tranquille jusqu’à la fin de l’année dernière. C’est alors qu’est arrivée l’heure pour elle de montrer tout l’amour qu’elle a pour son père.
« Mon père, Kesavah V., 57 ans, a toujours été un homme en bonne santé. Mais à la fin de novembre 2022, il est subitement tombé malade. Il a commencé à avoir des poussées de fièvre. Il est allé voir un médecin privé qui lui a diagnostiqué une infection à la gorge et des oreilles. Il lui a prescrit des médicaments, mais après deux ou trois jours, nous avons remarqué que sa santé ne s’améliorait pas. Le jour suivant, un samedi, il est entré dans un état fébrile et a commencé à avoir des tremblements. Très inquiète, je l’ai tout de suite emmené chez un médecin généraliste qui lui a fait faire un test de Covid-19. Il était positif. Le médecin lui a prescrit des médicaments et m’a assuré qu’il irait mieux », relate Ayesha.
Après deux jours, la santé de son père s’est améliorée légèrement. « J’ai alors décidé de l’emmener à l’hôpital. Nous sommes arrivés à l’hôpital vers 9 heures. C’est alors que mon père a commencé à se plaindre de son œil. Il a dit qu’il voyait flou. Un médecin qui avait ausculté mon père m’a demandé de l’emmener au plus vite à l’hôpital de Moka. C’est ce que j’ai fait le même jour alors que je venais de passer une journée à l’hôpital Dr-A.-G.-Jeetoo. Il était vers 16 h 30 quand nous sommes arrivés à Moka. Les médecins m’ont dit que mon père avait une infection sévère et qu’il fallait le mettre en observation. »
Le lendemain, elle s’est rendue à l’hôpital et a demandé à rencontrer le médecin traitant. Elle a pu le faire le jour suivant, après bien des démarches.
Après une nouvelle journée passée à l’hôpital, la jeune fille est rentrée chez elle, exténuée. Mais un proche a téléphoné à l’hôpital de Moka pour prendre des nouvelles de son père. Et elle a appris que celui-ci avait été transporté d’urgence à l’hôpital Dr-A.-G.-Jeetoo.
« Je me suis rapidement habillée et je suis arrivée à l’hôpital, seule. » La voix d’Ayesha se casse et elle sanglote en se remémorant la condition dans laquelle elle avait vu son père. « C’est très dur pour une fille de voir son père dans cet état. Il pouvait à peine respirer. Il avait fait pipi dans ses vêtements. Il semblait très confus et ne me reconnaissait pas. Il a attrapé ma main et a demandé à boire, tellement il était déshydraté. En plus il tremblait. J’ai dû presser sa langue pour qu’il puisse respirer. Il faisait carrément une mini crise cardiaque. Il devait être mis en observation aux soins intensifs, mais il n’y avait pas de place. Il a donc été placé dans une salle normale. J’ai demandé au médecin s’il pensait que mon père allait passer la nuit et avoir les soins appropriés. Il m’a dit qu’il ne pouvait pas me répondre », poursuit-elle.
Ayesha a alors pris la décision de mettre son père en observation dans une clinique privée.
Ayesha ne peut comprendre comment la santé de son père a pu basculer soudainement. C’était un ex-employé de Le Mauricien où il a travaillé pendant vingt-cinq ans. « Il fumait rarement, mais n’avait pas du tout touché à la cigarette au cours de la dernière année. Il faisait régulièrement de l’exercice depuis vingt ans. Je l’ai toujours vu faire de l’exercice. Je suis jeune et pourtant mon père avait une vie bien plus disciplinée que moi. »
À la clinique, les médecins se sont rendu compte que son cas était compliqué. « Dans un premier temps, on m’a dit que la première intervention coûterait environ Rs 42 000. Il avait développé une septicémie et une pneumonie. Il y avait 800 ml de pus dans son foie et dans sa prostate. Son sang était infecté. Tous ses organes vitaux étaient touchés », raconte-t-elle.
Le père d’Ayesha passa plusieurs jours aux soins intensifs. Sa fille a alors appris que les médecins craignaient que le pus dans son œil se propage dans son cerveau. Ils ont pris la décision d’extraire le pus de l’œil, mais sans toucher à celui-ci. « Mais l’œil sortait de plus en plus de son orbite. En plus, il saignait. Il fallait intervenir rapidement et les ophtalmologues ont pris la décision de l’enlever complètement.
C’était horrible de voir un trou béant dans le visage de mon père. C’était difficile, mais je suis sa fille et je ne pouvais pas le laisser tomber. J’ai moi-même fait ses pansements tous les jours. Je ne pouvais pas me permettre de payer pour que quelqu’un le fasse. »
Comment fait une fille de 23 ans pour payer les frais de la clinique qui se montent à Rs 900 000 ? Son père effectuait de menus boulots après avoir été licencié et n’avait pas d’économie. « Avec l’aide de la famille et des proches, j’ai pu réunir Rs 400 000. J’avais personnellement économisé Rs 200 000. Donc, je dispose de Rs 600 000. Mais je dois encore trouver Rs 300 000 et je ne sais pas… »
Pour elle, il s’agit avant tout de montrer sa reconnaissance à celui qui a pris soin d’elle quand elle était malade durant son enfance. « Mon père avant tout ! Je me battrais pour lui. »